Résumé de la conférence d’Armand Mattelart à l’INJEP le 27 août 2001 (voir aussi article dans Le Monde Diplomatique).

Le calendrier de l’Université 2001

Organisateurs, techniciens et responsables de la logistique

Invités

A l’origine démographe, A. Mattelard a commencé à s’intéresser à la communication alors qu’il était au Chili, dans les années 60, avant d’en être expulsé par Pinochet. Là, il avait été impressionné par les campagnes de planning familial, mises en place par des universitaires américains, qui utilisaient les mêmes stratégies de communication que dans le marketing. C’est à ce moment qu’il prend conscience qu’une nouvelle civilisation, celle de l’information, se répand à l’échelle planétaire.

Le rôle de l’intellectuel est pour A. Mattelard est de rétablir le sens de termes qui ont été modifiés dans un code de pensée, en rappelant que le vocabulaire critiqué était autrefois celui employé par les mouvements de solidarité. La mondialisation, par exemple, aujourd’hui percue par les « anti-mondialisation » comme un rêve dangereux, était à l’origine un « projet noble ». A Mattelard semble faire sienne l’affirmation selon laquelle « La 4e guerre mondiale sera une guerre sémiotique ».

Pour ceux qui entendent aujourd’hui gouverner le monde, la donnée (data) est avant tout une donnée statistique, mathématique. Le « corps planétaire » serait donc un corps désincarné, coupé des réalité humaines ?

A Mattelard estime qu’il est essentiel de faire l’historique de la technologie de l’information. Durant la Deuxième Guerre mondiale, les calculateurs ont été utilisés pour décoder les messages secrets et élaborer les premières bombes atomiques. D’autre part, la cybernétique américaine révolutionnait l’information en créant des réseaux fluides. Ces innovations techniques seront redimensionnées pendant la guerre froide. Dès lors, le futur  ne sera plus déterminé par l’opposition entre les riches et les pauvres, la droite et la gauche, mais par le moderne et l’archaïque. Le pouvoir serait désormais détenu par la communauté scientifique. D’où des prévisions apocalyptiques (disparition des intellectuels, fin du politique…) avec lesquelles A. Mattelard prend néanmoins ses distances.

Autre fait préoccupant, dans les années 70, la culture, prise en charge par la société de l’information, se mue en culture industrielle. De 1984 à 1998, la réglementation des systèmes de communication, obéissant à une idéologie néo-libérale,  aurait fait disparaître peu à peu la notion de service public. La « société globale de l’information » devient de plus en plus une réalité.

Très critique à l’égard de l’idéologie néo-libérale, A. Mattelard s’oppose cependant aux intellectuels les plus alarmistes, comme Philippe Breton (auteur aux éditions La Découverte de Le culte de l’Internet : une menace pour le lien social ?). La mondialisation étant à l’œuvre dans la civilisation, il faut utiliser ces technologies, et notamment l’Internet, pour lutter contre l’uniformisation de la pensée : après avoir rappelé que l’utopie est un projet essentiel à toute politique se donnant la justice sociale pour objectif, A. Mattelart affirme que « l’important est de créer des réseaux pour inventer un projet différent de celui de la société globale de l’information ».

Autres conférenciers : RAGI, MANDART ET YUN

 

Vers article de Stéphane Mandart

 

 

 

Vers introduction de Mattelard