Mon conte vole,
Vole,
Vole,
et s'écrasa Viam ! sur un village comme le crash de World Trade Center. Je peux vous le dire, dans ce village, on ne mange que euh… qui peut me le dire ?
-Oui ?
Personne ?
Ah ! je comprends maintenant pourquoi vous ne savez pas. Vous avez tous les yeux rouges ; je vois ! Vous n'avez pas encore mangé, n'est-ce pas cela ; mes enfants, je vous connais comme le fond de ma poche.
Alors je disais que les habitants de ce village ne mangeaient que du poisson. Il n'y a pas de voie ; la seule qu'il y avait et qu'il y a jusqu'aujourd'hui. C'était un espace où la pêche bat toujours son plein. Les habitants mangeaient du poissons et buvaient de l'eau à leur soif. Personne n'était contre l'autre. La vie offrait un calme attrayant. Le chef du village, Assouka était très respecté, très déifié. Il avait à lui seul cinquante femmes ; je dis bien cinquante femmes et s'en orgueillit à chaque fois. Il s'attachait aux rites, coutumes, bref aux valeurs traditionnelles que lui ont légué les grands parents. Ceci n'était pas la préoccupation des jeunes de ce village qui, au vu et au su de tout le monde foulaient au pieds les principes primordiaux de leur culture. Les jeunes de ce village n'ont jamais assisté à une cérémonie traditionnelle. Les cultes Vaudou, les danses initiatiques étaient perçues comme la pure manifestation de l'obscurantisme et le désir de toujours perpétuer le sous-développement. C'était un mépris total pour cette jeunesse d'accepter ces valeurs qui, pourtant, assuraient la cohésion du groupe.
Des jours, des semaines, des mois et finalement des années passaient. Les sacrifices que les populations ont l'habitude de faire tous les ans ont perdu le sens qui s'imposait à leur cœur. Plus rien ne prospérait. Le village vit, depuis ce temps, une crise assez aiguë. Assez pointue. Plus pointue que le bout d'un compas. Les robustes pêcheurs dont les muscles saillants laissaient transparaître de beaux corps seront d'ici à là desséchés et amincis à force d'être mal nourris ou mal alimentés ; la carence de vitamines aidant. Les populations ne mangeaient plus à leur faim. L'eau ne produisait plus de poissons, partout c'était la disette. Le problème était simple : les ancêtres ont été abandonnés et il faut trouver une rapide solution afin que le village retrouve son charme et sa vie. Alors, le chef du village alla consulter l'oracle fâ. C'était clair ; les esprits des ancêtres ne sont pas contents et exigent des sacrifices.
- " Les mânes de nos ancêtres ne sont pas contents. Ils ne sont pas contents des jeunes et réclament qu'ils portent un peu d'attention à eux. "
ELIAS faisait partie de cette classe de jeune dont les rites traditionnelles ne disaient rien ; il était foncièrement contre tout ce qui est vaudou ou rites initiatiques. Ca seule priorité, c'est la messe ; toujours la messe et plus rien d'autre. Il était tombé amoureux de la fille du roi, une belle fille étincelante qui, chaque fois en passant, faisait tomber les mouches. Rien ne lui résistait. Mes enfants, je peux vous le dire, les poissons dansaient, les grenouilles jouissaient et les jeunes frémissaient au passage de CICA. Moi même, j'étais fou d'elle.
- Vous aussi ? Malgré votre âge ? les vieux aiment vraiment nous disputer nos jeunes filles hein ! ils y trouvent quoi dedans ? lança Odilon qui reçut une bolide sur le visage. Une bolide qui lui a fait découvrir toutes les étoiles miraculeuses du monde et se tut.
- " Quand une grande personne parle, on ne met pas les pieds sur sa langue, répliqua énergiquement le vieux qui continue :'' Vous n'avez pas la photo d'une grande personne dans votre chambre ?'' - Pas encore. Répliqua t-il de nouveau.
Je vous disais alors que CICA est une splendide masse de chair humainement bien taillée sur mesure. Ses yeux brillaient de toutes les couleurs du monde, son corps, un grenier de sensation. Vous connaissez ce que c'est la sensation ? eh bien ! je prierai pour vous afin que…euh… vous la goûtiez quoi. Voyous !
Alors Elias était fou de Cica la princesse. Un jour, il lui fixa habilement un rendez-vous sur le lac, en plein milieu de la place des amoureux. La place des amoureux était le seul centre culturel charnel pour l'unification de la chair et opérer la symbiose du désir.
Mes chers enfants, ils se sont vus alors, cette nuit, sur cette place. Cica, dans les bras de Elias se tortillait comme un serpent. Ses nerfs se chauffait ; son corps rougeoyait et abondait dans le sens du surplaisir. Elle découvrait ainsi l'amour à dix huit ans avec Elias. Les deux âmes se confondaient pêle-mêle dans cet univers leur, oubliant tout ce qui les entourait. -- Savez-ce qui s'en était suivi ? je suis très sur que vous n'avez pas la moindre idée ; vous bouffez trop de rats pourris. Je le sais.
C'est alors qu'un terrible vent se mit à souffler. La barque dans laquelle se trouvaient les deux amoureux se mit à basculer. Des cris d'alerte fusaient de partout. Un orage éclata. Les deux enfants, embarqués dans le tourbillon, perdaient tous le contrôle de la situation. De grandes masses d'eau se jetèrent dans la barque. Ils paniquèrent ; Un esprit invisible, comme un tourbillon, fait chavirer la barque. C'était la fin de leur lune de miel non officiel. Nos deux amis se débattaient comme de beaux diables dans cette eau mais que peut l'homme en face de son destin! Que peut-il si ce n'est qu'observer le silence et voter sa faiblesse ! Il buvèrent de manière ininterrompue des gorgée d'eau. Ne pouvant pas résister à cette rage, cette fougue de l'eau, Cica et Elias rendirent l'âme. C'était la fin d'une vie ; la fin de deux vies qui pouvaient peut-être apporter une science positive à leur communauté. Les dieux du lac ont prévenu et ont sévi. Il ne sert à rien de s'opposer radicalement à certaines valeurs qui forgent notre identité ; Il faut écouter les anciens et être toujours à leur côté car nous avons toujours quelques choses à apprendre d'eux. Les morts ne sont peut être pas morts mais ils ont été là, dans nos cœurs, vivant avec nous avant qu'ils ne partent définitivement.
Moralité de l'histoire :
C'est sur l'ancienne corde qu'on tresse la nouvelle. Les jeunes du monde ne doivent pas oublier leurs origines profondes. Il doivent se conformer aux exigences de la famille pour la belle harmonie de leur vie. Car, ce qui leur appartient est d'abord à eux et non à d'autres.