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Boubacar Touré, l'étonnant Malien mercredi 24 juillet 2002, par Luc Aimé Dansou |
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Certainement le plus jeune de toute l'Université Internationale d'été, Boubacar Touré est un garçon étonnant. Nous l'avons rencontré pour vous.
Pas facile d'obtenir un rendez- vous avec Boubacar. Tantôt avec ses amis, tantôt absent et peut-être dans sa chambre en train de dessiner, le petit garçon qui nous est venu du Mali est un mordu de dessin et de … peinture, visiblement occupé, très occupé. Les yeux dormant et d'allure calme, Bouba est un esprit vif. Et ce n'est pas surprenant d'apprendre que c'est à 15 ans cette année que Bouba fait son entrée au lycée(classe de seconde). Fils unique de son père et de sa mère, il aurait pu intégrer à la rentrée prochaine l'Institut National des Arts du Mali. Il en a les atouts et le talent. Mais Bouba rêve de devenir magistrat. Sa raison est simple :"il y a trop d'injustice dans notre pays et dans le monde". Mais pourquoi ne pas devenir l'avocat de la veuve et de l'orphelin, l'avocat des pauvres ? Bouba sait bien de quoi il parle. "Je sais, les magistrats travaillent pour l'Etat et moi je veux que la justice ne soit plus dure pour les pauvres et facile pour les riches. Il ya trop d'injustice et je veux que ça s'arrête. Si je deviens avocat, je ne pourrai pas atteindre mon objectif" nous a-t-il confié. A son âge le petit malien rêve de devenir magistrat mais il souhaite ne pas rompre avec l'art, avec le dessin. Au contraire il envisage des expositions dès qu'il le pourra. Il a à Bamako, plus d'une quinzaine de tableaux, sans compter les œuvres non encore achevées. Il a une admiration pour Mamadou Doumbia, un peintre de chez lui "très fort mais pas très populaire", selon ses termes. Comment Boubacar peut-il concilier sa future profession de magistrat et sa passion pour le dessin à l'avenir ? Le jeune nous répond spontanément : "je ne serai pas le premier. J'ai un ami dont le père est magistrat et continue de dessiner". Quand nous lui avons demandé s'il a une idée du bonheur, Bouba nous a répondu : "quand on est avec ses parents, son père et sa mère, on peut dire qu'on est heureux ; mais tant que je n'ai pas encore réalisé mes rêves, je peux dire que je suis à moitié heureux". La réaction de Boubacar au cours du panel de discussion sur le thème "le rôle de la femme dans le tissage culturel" confirme son sens de la curiosité et son éveil. Entre autres réactions qu'il a eues, on retient ce coup de gueule : "pourquoi les femmes disent-elles que les hommes se sont arrangés pour les dominer ? Est-ce que c'est tous les hommes du monde qui se sont réunis pour décider de dominer les femmes ?" Comme pour dire... allez ! Arretez de pleurnicher et battez-vous ! Et vous pensez qu'il n'est pas étonnant ? Peut-être que, des comme Boubacar, il y en a encore dans cette "Université". Alors la liste reste ouverte. |
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