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Retrouver l'estime de soi

mercredi 31 décembre 2003, par Frédéric Sultan


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Article écrit par : Catherine Hoogervorst ISMM AFDAM

L'Association « Les voiles de l'espoir », ISMM-AFDAM, développe depuis sa création des projets de mobilité au sens large pour des personnes jeunes et moins jeunes, engluées dans un quotidien difficile où toute forme de mobilité est vécue comme menaçant un équilibre de vie ou de « survie » construit pour résister au mieux aux difficultés.

Tante Fine - 15.4 ko
Tante Fine

Propriétaire d'un vieux gréement. La Tante Fine", l'association utilise la navigation comme outil de mobilité ou plutôt comme outil pour un voyage au bout de soi même et un voyage à la rencontre des autres.

Avec Tante Fine, ketch aurique à deux mâts, l'association propose des journées découverte de la mer et du Patrimoine maritime, mais aussi des séjours de rupture pour des apprentis équipiers qui affrontent souvent pour la première fois la dure loi de la mer. Les objectifs de ces projets développés autour de la navigation, visent à permettre aux personnes de retrouver l'estime de soi par le dépassement de sa peur, par la découverte ou la re-découverte de compétences de courage, et surtout de solidarité face à un environnement souvent hostile.

Travaillant sur la mobilité, l'association a souhaité tout naturellement développer des projets d'accueil et d'envoi pour des jeunes « avec moins d'opportunités » dans le cadre du Service Volontaire Européen court terme. Ainsi, nous avons accueilli en 2001 deux jeunes volontaires dans le cadre d'un nouveau projet de l'association, la participation de Tante Fine à la course internationale de la Cutty Sark, embarquant à son bord un équipage de jeunes apprentis marins, originaires des quartiers « Politique de la Ville ».

Cette course qui rassemble environ chaque année, au mois de juillet et août, une centaine de voiliers dont les prestigieuses cathédrales de voiles, attribue un trophée, le fameux trophée Cutty Sark, à l'équipage qui aura montré le meilleur esprit, la meilleur capacité d'ouverture culturelle sur les autres.

La mission des deux jeunes volontaires était alors toute trouvée : favoriser la communication avec les autres équipages étrangers. L'intégration de ces deux volontaires dans l'équipage a permis aux jeunes, dont très peu avaient quitté leur quartier ou leur ville, de s'ouvrir aux autres, de se révéler en développant des qualités de curiosité, qualités dont ils n'ont eu que rarement l'occasion de stimuler.

Cette ouverture culturelle a été rendue possible grâce à la complicité qui s'est développée entre les jeunes français et les deux jeunes volontaires, malgré la barrière de la langue. Cette complicité a pu s'épanouir dans le cadre de la vie quotidienne, à bord d'un bateau, qui est faite de petites misères mais aussi de grandes joies. Le bateau est un espace restreint ; si sur le pont on goûte à l'infiniment grand, à l'intérieur, tout est diminué. Les couchettes sont le seul lieu d'intimité avec pour dimension 1 mètre 90 sur 80 centimètres.

Et là, pas de mur pour éviter les ronflements du voisin, pour ne pas entendre celui qui se lève à trois heure du matin pour prendre son quart, celui qui descend avec son ciré trempé pour se coucher, ou encore celui qui se fait chauffer un café ou une soupe en pleine nuit alors que l'on ne se sent pas bien et que la moindre odeur soulève l'estomac. Mais quelle fierté, lorsque l'on a su dépasser toutes ces petites misères de la vie quotidienne ! Quelle fierté de mener le bateau ensemble entre les passes d'un port, d'exécuter devant une foule qui attend sur le quai une belle manoeuvre où les gestes sont parfaitement synchronisées et où chacun a trouvé sa place.

Si en 2001 ; nous n'avons pas gagné le trophée, c'est bien l'expérience de ces deux années qui ont permis au jeune équipage de la Tante Fine de ramener en août le trophée pour la première fois en France depuis 1954 qu'existe cette course. Cette grande victoire est celle de ces jeunes qui ont su montrer que mobilité se conjugue aussi sur les quartiers dits « en difficultés ».

Envisager de participer à un chantier est une très bonne chose, mais les motivations des candidats ne peuvent se limiter à une volonté de découvrir un pays de façon originale. C'est un engagement, le travail bénévole permet la réalisation de projets portés par des associations dont il faut promouvoir et développer les valeurs.



Frédéric Sultan
VECAM







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