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L'EDUCATION EN AFRIQUE

Par Barnabé

Pour un système d'intégration...

L'éducation est l'ensemble des processus qui conduisent l'Homme à passer de l'état de nature à celui de la culture, ou toutes actions individuelles ou collectives qui participent à la socialisation de l'individu. C'est un acte noble, et il faut assez de patience et de bonne volonté pour réussir ce processus.

En Afrique comme partout ailleurs dans le monde, les trois cadres de transmission du savoir sont les suivants : la petite unité de la société, à savoir la famille, l'école dite moderne et enfin celle de la rue. Si nous partons du fait que l'école moderne nous assure une formation pour l'emploi, la question est : l'éducation traditionnelle nous permet-elle de passer d'un stade à l'autre et d'avoir aussi un travail ?

En quoi consiste cette éducation et quelle est sa finalité ?

En Afrique, et particulièrement au Bénin, on éduque son enfant pour la vie. Les parents le préparent à mieux faire face aux exigences de la vie, l'aident à se frayer un chemin : celui qui fera la fierté de la communauté.

Selon Rochkya, animatrice dans une association qui s'occupe de la promotion des NTICs au Sénégal, « l'enfant est très tôt à la charge de l'Imam qui se charge de transmettre des valeurs inhérentes à la religion musulmane ». L'enfant mal éduqué est appelé en Fon « dji ma kplon », c'est-à-dire « celui qui n'a pas appris les leçons qui lui ont été inculquées par ses parents ». Ceci aboutit à une marginalisation systématique via une punition collective qu'il subit à la cour correctionnelle, en présence du chef de la collectivité. Ce système a une incidence négative sur la famille, soupçonnée de démission et de fuite de responsabilité dans l'exercice de son devoir vis-à-vis de l'enfant..

A cette école-là, il n'y a pas de classes ou d'années de passage. Il n'y a pas d'examen de passage. Il n'y a pas de programme particulier à suivre. L'enfant suit son père pour aller au champ ou sa mère pour aller à la cueillette. L'important, c'est l'intégration de l'enfant au sein de la communauté, où il jouit de la protection des membres. En fait, l'éducation ne garantit pas systématiquement le travail.

La marginalisation de l'individu le pousse à l'éducation de la rue ; une éducation qui repose sur des formes assez complexes de valeurs amenant l'individu à intérioriser des valeurs négatives qu'il reproduit, comme le vol, le banditisme, la drogue et d'autres maux qui portent atteinte à la vie des autres.

L'école moderne en Afrique : quel avenir réserve-t-elle aux jeunes ?

L'école moderne est celle où les hommes, comme l'écrit Cheick. H. Kane, permettent à l'homme de lier le bois au bois, de s'apprêter à entrer dans la vie active en obtenant un travail. La perception que les jeunes ont de cette école est tout à fait différente parce qu'elle pose un problème d'inadéquation : celui de la formation à l'emploi.

C'est difficile pour les jeunes d'avoir un travail aujourd'hui. L'école forme en Afrique des diplômés sans emploi qui virent finalement dans d'autres activités. Les jeunes n'exercent pas toujours le métier qu'ils ont appris. En plus de cette raison, les programmes ne s'attachent pas correctement à nos réalités. « Trop de matières inutiles qu'il faut supprimer afin de rendre les programmes digestes et adaptés à nos réalités, à nos besoins immédiats », nous a confié Rochkya du Sénégal.

Ainsi, le secteur informel est aujourd'hui en pleine poussée, en plein essor dans les pays sous-développés, surtout ceux où s'exercent des activités portuaires. Selon Wilfried Engone du Gabon et Mireille du Congo, lorsqu'on est jeune et sans emploi digne de ce nom, il est difficile d'envisager l'avenir. Ils continuent en déclarant : « Quand tu ne travailles pas, tu n'as rien, Rien du tout ! Être au chômage, cela ne veut rien dire d'autre qu'être là, à la maison et attendre. » C'est véritablement un problème dans nos Etats. Mais là où le bas blesse, selon Mireille, c'est que l'Etat investit beaucoup plus pour les jeunes qui s'engagent volontiers dans les forces armées. Pour quelle raison ?

L'école ne nourrit pas son homme aujourd'hui mais c'est un mal nécessaire

Le système éducatif désuet auquel les jeunes font face aujourd'hui et qui ne garantit pas l'emploi, ce système qui, surtout, ne répond plus à leurs préoccupations, les emmène à s'inscrire dans les centres professionnels pour se trouver un raccourci et gagner mieux leur vie. Ainsi la formation professionnelle a pris le pas sur celle théorique. Par ailleurs, ils exercent un travail qu'ils ont appris sur le tas. Un travail qui est la résultante de réseaux personnels de relations. Des jeunes qui aspirent à un même idéal et se veulent de l'atteindre.

Propositions...

Pour permettre à la jeunesse d'espérer et de participer activement à l'édification de l'Afrique, il faut que les Etats :

  • Elaborent des programmes qui tiennent compte des besoins immédiats de la société
  • Mettent en place une volonté politique dans le domaine éducatif
  • Stimulent les enfants, les jeunes à l'enseignement technique et professionnel
  • Octroient des bourses aux étudiants pour la poursuite de leurs études

En cela, les pays africains pourront sortir de l'ornière et définir leurs priorités en tenant compte des réalités socio-culturelles, pour l'éclosion d'une génération pour la prospérité.

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