Le calendrier de l’Université 2001

Organisateurs, techniciens et responsables de la logistique

Invités

CHRONIQUES QUOTIDIENNES

Annie Patenaude

Refuge La Piaule

PARIS A VÉLO

Bonjour chers fidèles lecteurs,

Les sports extrêmes, ça vous dit quelque chose ? La réputation de la conduite agressive des taxis parisiens, vous connaissez ? Le sentiment d’étouffement par une canicule dans les rues polluées de Paris, vous en avez une idée ? La sensation de brûlure dans les muscles des cuisses à pédaler trop longtemps, ça vous rappelle quelque chose ? La douleur au c… sur une selle de vélo pendant six heures, vous pouvez vous l’imaginer ?

Hier, au lever, après une très courte nuit (travail pour certains, fête pour les autres et les deux pour quelques invincibles), nous avons vu “ Paris à vélo ” sur notre horaire. “ Putain ” que l’on s’est dit. L’insupportable chaleur aidant, nous avions tous décidé, dans nos cerveaux, que la journée serait pénible. Quelques-uns se sont éclipsés et les plus courageux affichaient un sourire pour convaincre les autres. Frédéric Sultan ouvrait la marche sur ce qui allait peut-être être notre dernière promenade…

Vous aurez compris que je caricature (à peine, je vous le jure) mon paysage intérieur. C’est une fois sur le vélo, à faire aller ma sonnette, que j’ai commencé à voir apparaître une lueur d’espoir. J’aime les trucs qui font de drôles de sons. Tout le monde fait le plein de bouteillesssss d’eau, accroche son panier et le remplit, sourit pour la photo de groupe et s’élance d’un coup de pédale à la conquête des rues parisiennes.

Quelques mètres plus loin une chaîne débarque. C’est là que Denis et François se “beurrent” les mains de cambouis la première fois. Ils recommenceront souvent… Mystère de la vie, ce sont les Coréennes qui remportent la palme de : KAK UMAYA ! ! !  traduction “ ma cr… de chaîne a débarqué”.

Monte la côte, descend la côte, remonte la côte… C’est valloneux Paris à comparer à Montréal et ça tourne à en donner la tournis. Et les taxis, comment vous décrire leur manque de civisme ? Ils débordent dans les voies réservés aux cyclistes, klaxonnent tout ce qui bouge et vous font de gros yeux. Je peux vous dire que lorsqu’un taxi parisien coupe une Québécoise en vélo, les mots d’église jaillissent et tranchent dans le décor, comme un sabre. On n’a pas à chercher très longtemps. C’est dans ces moments que l’on s’aperçoit que la culture Chartranesque est bien ancrée.

Les feux de circulation restent longtemps au rouge et ne sont verts que le temps d’une photo. Résutat, sur un groupe de trente, certains demeurent derrière. Sans oublier le temps de remettre une chaîne et vous avez là une recette infaillible à la perdition. Alors, on sort la carte, on s’obstine, on se trompe, on revient sur nos pas, on rembarque la chaîne, on repart, on prend une bouchée, on rembarque la chaîne… on se  retrouve.

A partir du moment où François nous a dit : “ le nombre fait la force ”, nous nous mobilisions aux feux rouges. Dès le premier coup de pédale, on faisait sonner nos sonnettes et on chargeait, un peu comme les troupes de Mel dans Braveheart. Les tranquilles Terrassiens cessaient leur conversation pour nous regarder, ébahis, souriant devant notre exploit. Oui ! Oui ! Nous avons réussi à stopper la circulation…à Paris.

Après six heures de souffrance, de stress, d’attente et 608 195 coups de pédales, nous sommes revenus à bon port. Dans la dernière descente qui nous menait à la ligne d’arrivée, les Québécoises se sont mises à crier : Hououououou ! ! ! Sans oublier les clochettes à répétition ! Ring ! Ring ! Ring ! Fallait voir la tronche des automobilistes…

Je disais donc qu’après 608 195 coups de pédales, le sentiment de réussite valait la “ride”. Nous avions réellement accompli l’impossible. C’est sûrement une ballade comme celle-ci qui a inspiré Bonaparte : impossible n’est pas Français !

Félicitations à tous les cyclistes de cette grande aventure !

Une Québécoise pas peu fière d’elle                

Gros becs XX

  • Introduction
  • Le bonheur